Dans mon précédent article, je t’expliquais les 5 raisons qui ont transformé la #ICASQUEDATE3 en un événement inclassable. Je t’avais aussi dit qu’il y avait une 6ème raison dont je te parlerais plus tard, une surprise qui a représenté la cerise sur le gâteau pour moi. En réalité, ce bonus ressemblait plus à un double shot de tequila !
Les sessions gratuites de roulage sur circuit à la #ICASQUEDATE3 étaient encadrées par les marshalls de LGS Events, une entreprise basée au Circuit du Var et spécialisée dans l’organisation de journées de roulage et de stages de pilotage. Elle est composée d’instructeurs professionnels qu’on appelle aussi « Les Vikings ». Ces passionnés de moto qualifiés pour la formation peuvent t’aider à appréhender le comportement de ta moto si c’est la première fois que tu poses tes roues sur circuit. Si tu es un Valentino Rossi du dimanche et que tu traînes souvent tes sliders sur piste, ils peuvent aussi t’accompagner pour gratter les quelques dixièmes de seconde qu’il te manque afin de devenir un vrai pilote rapide et enfin gagner le respect de tes enfants, tes élèves en classe et même ton beau-père. Quand il s’agit de mettre la poignée dans l’angle, fais confiance aux Vikings : cette équipe roule fort ! LGS Events organise également des baptêmes de piste : en tant que passager d’un pilote pendant quelques tours, tu peux toi-même vérifier leur niveau et avoir accès à ton lot de sensations fortes ! Des baptêmes ont eu lieu pendant la #ICASQUEDATE3 et j’ai eu la chance d’en effectuer un. Pour cette aventure, mon pilote était Laurent Zanetto, instructeur pionnier de chez LGS Events. C’est un Viking qui dédie carrément sa vie à sa passion : Laurent encadre des équipe de motards dans son métier pendant la semaine, il participe à des roulages ou des stages le week-end avec LGS Events et il joue également des coudes en compétition. Bref, un mec sur tous les fronts et avec un sacré coup de guidon ! Ce n’est pas pour rien que son surnom est « FastZan » ! Je te laisse découvrir tout ça en détail en dernière partie de l’article grâce à une interview de ce personnage haut en couleurs. Moi, j’aime la vitesse : j’étais donc très impatient de vivre ce baptême avec lui. Mais ça, c’était avant de savoir ce qui allait vraiment se passer. Récit et vidéo de ce qui a été l’une des expériences les plus impressionnantes de ma vie.
Les dernières secondes avant l’orage
Nous sommes dans la voie des stands, au bord du circuit. On remet de l’essence dans la moto qui va servir à mon baptême, une Kawasaki ZX-10 R portant le célèbre numéro 129 des Vikings. J’observe la scène et c’est là que la tension monte : je ressens un mélange d’excitation et d’appréhension. Je me dis que 129 représentera certainement ma fréquence cardiaque dans quelques minutes.
Ca y est, le niveau d’essence est fait. Laurent est installé sur sa moto. Moi, je suis encore debout à côté de lui et je sens que le départ est imminent. Je sens surtout que j’ai encore besoin d’un peu de temps pour me préparer mentalement avant de le rejoindre. Je tente alors de gagner quelques secondes :
« – Nicolas : C’est bon, je t’écoute.
– Laurent : Et bien monte !
– N : Ah oui, directement ?
– L : Ah ben oui !
– N : Il n’y a même pas de briefing ?
– L : J’attends que tu sois monté pour ça. »
Mince, ça n’a pas pas marché. Je saute alors sur le tout petit bout de mousse qui fait office de selle pour moi. Laurent m’explique comment me tenir à la poignée passager, une poignée spéciale montée sur le réservoir pour les duos. Il ajoute également : « on va faire un tour un peu plus tranquille pour que tu t’habitues. A la fin du tour, j’attendrai ton signal de la main : si tu lèves le pouce vers le haut, ça va, et si tu mets le pouce vers le bas, je ralentirai ».
L’entrée dans l’arène : j’ai œuvré pour le rapprochement de deux sentiments antinomiques
On fait notre entrée sur la piste, c’est parti pour mon baptême ! 4 tours en tout, dont 1 tour pour se « mettre dans le bain ». En réalité, ce tour de chauffe n’en a que le nom : on attaque tout de suite et le ton est donné au bout de quelques secondes. Dans les deux premiers virages à droite, vu l’angle mis par Laurent, je me dis à voix haute : « On va se foutre par terre ! »
Pendant ce premier tour, il se passe plein de choses sous mon casque et je fais une découverte : la confiance et la peur peuvent cohabiter. J’ai confiance en l’expérience de Laurent et sa maîtrise de la moto, mais je me pose tout de même plein de questions bizarres : et si je n’arrive pas à me retenir au freinage et que je glisse d’un coup sur mon pilote ? Dans les virages, comment Laurent peut-il être sûr que le pneu avant ne va pas décrocher vu le poids supplémentaire que je représente ? Est-ce que notre pauvre Kawa peut encaisser ce genre de contraintes ? Quand Laurent fait lever la roue avant vers le ciel pour la première fois, je serre les mains sur la poignée et je gueule dans mon casque en me posant une nouvelle question : je suis plus lourd que la plupart des passagers habituels et Laurent ne le sait pas forcément, alors comment être certain qu’on ne va pas se retourner ?
En ce baptême et ce 7 juillet, même si elle n’est pas vraiment rationnelle, ma peur de la chute s’explique simplement : j’ai moi-même chuté le matin lors de mes sessions de roulage. Suite à une erreur bête de point mort, j’ai tiré tout droit dans le bac à gravier et j’ai fini dans la protection en mousse, heureusement sans blessures pour moi et avec seulement des grosses griffures sur ma moto. J’ai d’ailleurs pu repartir et enchaîner directement avec mes autres sessions. C’était ma première chute sur circuit, je savais qu’elle devait bien arriver un jour et je suis resté serein quand ça s’est passé : mais j’ai en ce moment les fesses posées sur un missile de 200 chevaux et je veux éviter de me retrouver par terre une deuxième fois dans la même journée si possible !
A la fin du tour de chauffe, au moment d’entamer la ligne droite, Laurent me demande de lui donner mon feedback avec le fameux signe du pouce. La réflexion ne dure qu’une fraction de seconde, tout va très vite dans ma tête. Je me dis que c’est comme dans les combats de gladiateurs au temps de l’Empire Romain : si tu lèves le pouce vers le haut, le spectacle peut continuer dans l’arène. Je choisis cette option mais je comprends qu’il y a toutefois une grosse différence : en levant le pouce vers le haut, en fait c’est peut-être moi qui vais mourir !
A ce moment-là, je réalise que je ne suis que passager et que je ne peux pas influencer les réponses à mes questions. Je décide donc d’arrêter de faire mouliner mon petit cerveau et je me concentre pour accompagner Laurent au maximum dans les mouvements : limiter au maximum les transferts avant-arrière à l’accélération et au freinage mais également être synchronisé avec lui pour les transferts gauche-droite dans les virages. FastZan en acteur principal, moi aux premières loges, je décide de profiter du spectacle.
Contre FastZan sur circuit, c’est comme contre le temps qui passe dans la vie : il n’y a rien à faire
Les trois tours suivants de mon baptême sont une démonstration de maîtrise de la part de mon pilote. Sous ma visière fumée, j’ai parfois l’impression de vivre une course : on double tout le monde ! Les uns après les autres, aucun des motards présents sur la piste ne nous résistent. C’est dur à dire, mais de mon point de vue de passager privilégié, certains semblent presque être des chicanes mobiles. Pourtant, je sais qu’ils ne se traînent pas ! Même ceux qui mettent du gros rythme finissent par voir notre Kawa noire et jaune fluo filer à l’horizon. Je prends l’exemple de Charlotte : motarde et pistarde passionnée, elle roule beaucoup sur circuit et tu as intérêt à t’accrocher si tu veux la suivre. Elle écrit d’ailleurs sur le blog pour partager son expérience et ses conseils. Charlotte est présente sur la piste pendant mon baptême : je la reconnais de loin et je sens que la sentence va bientôt tomber quand on se rapproche d’elle. C’est notamment la manière dont on l’a doublé qui m’a fait prendre conscience de la différence entre les motards rapides comme elle et les pilotes très rapides issus de la compétition comme FastZan.
Pourquoi ce baptême est-il aussi impressionnant ? Sur ma selle passager, je suis secoué comme dans une machine à laver ! Malgré ça, j’arrive à analyser le pilotage de Laurent et notamment les trois éléments fondamentaux qui m’en mettent plein la vue :
1 – Capacité à freiner très tard : Dans le déroulement d’un virage sur piste, il y a 4 points de référence. Il s’agit des points de freinage, déclenchement, corde et sortie. Laurent fait valser mes références de freinage et envoie des freinages de trappeur ! C’est sur ce point que la différence est la plus sidérante par rapport aux motos que l’on dépasse. Ce phénomène se remarque partout mais particulièrement dans le virage AGS, le dernier virage du circuit. Dans ce 90° droit qui représente la plus grosse zone de freinage du tracé, Laurent plante les freins comme un bûcheron et met l’arrière de la moto en glisse. Je me retiens comme je peux en forçant sur mes bras pour ne pas m’écraser sur lui. Certains motards que l’on double ont l’air d’être au ralenti alors qu’ils font ce qu’ils peuvent sur les freins, eux aussi ! Dans ma tête, j’imagine les cris de Matt Bird quand il commente les prouesses des pilotes du MotoGP sur les plus gros freinages du championnat : « he’s such a demon on the brakes ! »
2 – Capacité à accélérer tôt et surtout à accélérer fort : Sur piste, un défi majeur pour réduire son temps au tour consiste à accélérer le plus tôt possible, tout en cherchant à être plein gaz le plus rapidement possible. Comme le dit si bien Simon Crafar, un autre commentateur officiel du MotoGP et surtout ancien pilote international, ce n’est pas le premier qui accélère qui gagne, c’est le premier qui accélère à fond ! Laurent fait ça très bien. Je le ressens dans sa lecture du circuit, dans la manière dont on enrhume tout le monde malgré notre poids plus élevé et dans la façon dont notre Kawa cherche sournoisement à m’éjecter en arrière. Passer tout son temps sur l’angle, le genou au sol, c’est beau pour les photos. Mais chercher à limiter le temps sur l’angle maximum, c’est à dire relever la machine dès que possible pour une accélération pleine charge comme le fait Laurent, c’est plus efficace !
3 – Capacité à réduire l’étape au cœur du virage, la phase neutre : La phase neutre, c’est un peu le trou noir de la moto, c’est là où il ne se passe plus rien. En d’autres termes, c’est le moment où tu as fini de freiner et tu n’as pas encore commencer à accélérer. Plus tu réduis cette phase, meilleur sera ton chrono. A un niveau élevé de pilotage, cette réduction du temps d’enchaînement entre les phases fait partie des éléments qui expliquent des écarts de temps au tour. Laurent le sait bien mieux que moi et je ressens son talent dans ce domaine. Il n’y a pas de temps mort dans son pilotage : il freine jusqu’au bout et il accélère tout de suite. En plus, cette réduction de la phase neutre lui permet de gardes les suspensions en contrainte dans un sens ou dans l’autre, permettant d’éviter des mouvements parasites de la moto qui seraient nuisibles à l’efficacité.
Bref, je pense que tu l’auras compris : même quand tu roules toi-même sur circuit et que tu te crois bon, un baptême de piste avec un pilote ne peut que te faire du bien !
Maintenant je peux le dire : je l’ai vécu
Le feu rouge s’allume au bord du circuit, signalant la fin de la session. Au moment où on rentre dans les stands et pendant que la moto décélère, je lâche ma réaction à chaud à Laurent : deux phrases sorties du cœur qui marquent mon état de choc. Ça y est, je peux dire « je l’ai vécu », j’ai vécu mon baptême de piste ! Et d’après mon bracelet d’activité physique, ma fréquence cardiaque est tout de même montée jusqu’à 115 pulsations par minute pendant cette expérience mêlant beaucoup d’adrénaline et un peu d’effort physique : je n’étais pas très loin du 129 que j’avais prédit ! Petite satisfaction personnelle : Laurent m’avoue qu’il a déjà eu des passagers faisant la moitié de mon poids mais le gênant plus que moi car ils ne suivaient pas les mouvements. Je n’ai donc pas été trop mauvais dans mon rôle de sac de sable !
Ce baptême était énorme. Je le répète : j’ai été impressionné. Bien plus que je ne le pensais. Et Laurent m’a surpris : rouler comme il l’a fait avec le poids d’un passager en plus, et également sans sa capacité a être mobile sur sa moto comme il le souhaite, c’est fort. On n’évolue tout simplement pas dans le même monde.
La vidéo, enfin !
Assez parlé, je te laisse profiter de la vidéo ! Il n’y a volontairement pas de musique, simplement les sons bruts pour mieux t’immerger dans l’expérience : la moto et le vent. Bon, c’est vrai, vu que la caméra était sur mon casque et donc placée très haute, on n’entend plus du tout la moto dès que ça accélère, seulement le vent… Mais ça te permet de mieux apprécier la vitesse et de te rendre compte que les freinages sont très solides !
Interview de Laurent Zanetto, mon pilote de baptême : « la passion, je pense qu’elle vient de l’intérieur, c’est quelque chose qui vit en nous. »
J’ai eu de la chance de vivre mon baptême de piste avec Laurent. J’aime beaucoup les personnes qui ont du talent et de l’humilité, et Laurent est l’une d’entre elles. Quand tu te retrouves en prime face à un gars sympa et doté d’une passion sans limites pour la moto, tu veux forcément en savoir plus sur la richesse de son parcours !
A quand remontent tes premiers souvenirs concernant la moto ?
J’étais tout petit, tellement jeune que je ne m’en souviens pas ! C’est ma mère qui m’a raconté comment tout a commencé : quand j’étais bébé, alors que je marchais à peine et que je ne parlais pas encore, j’étais en extase dès que je voyais ou entendais une moto. Il fallait que ma mère m’emmène de force pour partir tellement je restais planté à regarder les bécanes…
Difficile de démarrer une passion plus jeune que ça !
C’est clair ! Je n’avais pourtant personne de ma famille dans le monde de la moto, hormis mon grand-père maternel.
Et ensuite, les premiers souvenirs de moto dont tu te rappelles vraiment, c’est quand ?
La passion, je pense qu’elle vient de l’intérieur, c’est quelque chose qui vit en nous. Dès l’âge de 4/5 ans, l’âge où les enfants font généralement du vélo, moi j’ai voulu une moto ! J’ai harcelé mes parents jusqu’à ce que mon père craque et m’achète ma première bécane : c’était une petite moto avec un moteur de tronçonneuse. Plus tard, j’ai continué avec des 50 cm3, des 80 cm3 puis des grosses cylindrées dès que j’ai pu travailler pendant mes étés et me les payer.
Une fois entré dans l’âge adulte, raconte-moi comment tu as réussi à intégrer la moto dans ta vie de tous les jours. Je suis sûr que tu vas surprendre quelques personnes !
La moto, c’est toute ma vie ! Alors j’ai cherché un métier qui me permettait d’intégrer ma passion. Quand je termine mes études, il est trop tard pour être pilote d’usine. J’opte donc pour un métier très différent mais grâce auquel je peux baigner dans la moto au quotidien : je deviens Gendarme Motocycliste ! Je suis aujourd’hui Officier de Gendarmerie à Gap et mon rôle est de diriger et encadrer le groupe des motards gendarmes du département des Hautes-Alpes.
En plus de ton métier de gendarme moto, tu es instructeur moto : comment est-ce que tu en es arrivé là ?
De manière générale, l’histoire a commencé avec LGS. Au départ, l’aventure LGS est une simple histoire de potes : Laurent, Éric, Yvon et moi (ndlr : il s’agit ici de l’autre Laurent de LGS Events, Laurent Boucher, le dirigeant). Je les ai rencontrés tous les trois sur circuit : ils voulaient s’engager au Bol d’Or et je roulais déjà en compétition en Championnat de France Promosport et Championnat du Monde d’Endurance à ce moment-là. Ils m’ont recruté pour compléter leur équipe et on s’est lancé dans l’aventure ! En 2005, Eric décède malheureusement sur le circuit de Lédenon. Avec Laurent et Yvon, on décide d’organiser des journées de roulage sur circuit pour aider sa famille. Les choses grandissent petit à petit et Laurent Boucher, le médecin le plus hyperactif de la région PACA, transforme ça en entreprise : LGS Events naît en 2010. A cette époque, je suis gendarme moto à Nice : en accord avec la Sécurité Routière, j’envoie les motards qui ont des comportements dangereux sur la route vers la piste et pour effectuer des stages avec LGS Events.
J’ai toujours aimé partager ma passion et la transmettre : la formation est donc une composante essentielle de ma manière de vivre la moto. Ayant été instructeur à l’école de moto de Gendarmerie, je me suis lancé dans une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) : j’ai passé mon Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) d’instructeur moto pour pouvoir enseigner en dehors de la Gendarmerie. Cela a été rendu possible par Nathalie Betelli. Breveté d’Etat et Certificateur CQP pour la FFM, Nathalie est également la Directrice technique et pédagogique de LFG Moto, l’école de pilotage du circuit de la Ferté Gaucher, situé en région Île-de-France. Elle est d’ailleurs la seule femme à ce type de poste dans une école de pilotage en Europe ! Nathalie m’a permis d’apprendre le métier d’instructeur moto avec elle et d’enseigner sur le circuit de la Ferté Gaucher.
De nos jours, j’enseigne au Circuit du Var avec LGS Events et au Pôle Mécanique d’Alès pour le Moto Club de Gap et d’autres clubs en cas de besoin. J’enseigne parfois également au Circuit de la Ferté Gaucher auprès de LFG Moto et Nathalie quand le temps me le permet malgré la distance géographique.
Je connais beaucoup de motards qui sont attirés par l’environnement des circuits et qui aimeraient poser leurs roues sur piste. Pourtant, ils n’osent pas. Si tu devais leur faire passer un petit message, qu’est-ce que tu leur dirais ?
La réponse est simple : quand tu roules sur la route et que tu aimes t’amuser, tu vas prendre ton pied dans un, deux, trois virages. Sur circuit, tu t’amuses dans tous les virages ! De nos jours, de plus en plus de clubs ou d’entreprises organisent des journées sur circuit, donc les pistes sont de plus en plus accessibles. Par contre, toutes les structures n’ont pas le même encadrement et le même intérêt : pour la première fois sur circuit, je conseille de rouler avec des encadrants diplômés, qui vont s’occuper de vous, vous conseiller, vous guider et ne pas vous abandonner sur la piste !
On a parlé de ton métier dans la moto et de ton activité d’instructeur moto. Parlons maintenant du troisième pilier de ta passion : la compétition moto ! Comment les choses ont démarré ?
Je roulais auparavant sur la route avec des motos sportives. Après une grosse chute, j’ai vite compris que c’était trop dangereux. En parallèle, j’ai rencontré Patrick Maccio qui était gendarme et qui participait au Bol d’Or. Il m’a proposé de faire les Championnats du Monde Inter-police dans une équipe de gendarmes en 1994. Il n’en fallait pas plus pour me décider à essayer la piste. En dehors de la moto, j’ai toujours aimé les sports à risques et le danger, donc j’ai vite fait le lien avec la compétition moto et je me suis douté que cet univers me plairait. Il s’est avéré que j’ai tout de suite attrapé le virus et je n’ai plus jamais arrêté depuis !
Qu’est-ce qui t’attires autant en compétition ?
Ce qui me plaît dans ce domaine, c’est l’adrénaline, le dépassement de soi, le fait de tutoyer les limites. En compétition, les défis sont immenses : combattre ton instinct de survie qui te dit de ralentir, dépasser cette peur qui t’envahit sur la ligne de départ et qui disparaît quand le feu s’éteint.
Ah oui, la peur… Je crois que j’en ai eu une certaine définition aujourd’hui !
On peut dire ça comme ça (rires) ! En compétition, il y a aussi un gros travail de compréhension et d’analyse qui est très intéressant et qui te récompense quand tu le fais bien : il faut écouter ta machine, sentir tes pneus travailler, comprendre ce que font tes suspensions. Tout ça te permet de rendre ta machine plus performante et ensuite maîtriser cette puissance mécanique pour en faire ce que tu veux.
J’aime la façon dont tu en parles, on ressent tout de suite la passion ! En compétition, elle t’a amené où cette passion ? Est-ce que tu peux me résumer ton parcours ?
Après les Championnats du Monde Inter-police en 1994, j’ai démarré la compétition en France l’année suivante, en 1995. J’ai participé à différents championnats de vitesse et j’ai un peu touché à tout : Championnats Promosport 600 cm3 et 750 cm3, puis la Hornet Cup, la CB Cup, le Supersport, le Superbike, le Protwin et le Championnat European Bikes.
J’ai également roulé en Endurance : j’ai été engagé en même temps à la Coupe de France d’Endurance et au Championnat du Monde d’Endurance. J’ai participé 9 fois au Bol d’Or, c’est à dire à chaque édition entre 1996 et 2002, puis également en 2004 et récemment en 2016. Concernant les 24 Heures du Mans, j’y ai participé 7 fois, tous les ans de 2000 à 2005 puis en 2011. Sur les saisons 2001 et 2002, j’ai participé au Championnat du Monde d’Endurance dans son intégralité. (Ndlr : La saison 2001 du Championnat du Monde d’Endurance a été très particulière. C’est à partir de cette année que ce sont les équipes et non plus les pilotes qui sont titrés. 2001 a surtout été un championnat « marathon » avec un record de 8 courses dans l’année dont 4 courses de 24 heures : 24 Heures du Mans en France, 6 Heures de Brno en Tchécoslovaquie, 6 Heures de Brands Hatch en Grande-Bretagne, 6 Heures du Nürburgring en Allemagne, 24 Heures de Liège en Belgique, 8 Heures de Suzuka au Japon, 24 Heures d’Oschersleben en Allemagne et le Bol d’Or en France.)
Plus récemment, j’ai participé dans les championnats de vitesse en France au Challenge Protwin, en 2014 et 2015 : j’ai terminé vice-champion puis 3ème. J’ai également continué en Endurance : en 2015, j’ai gagné le Bol d’Argent et les 24 Heures de Barcelone en catégorie bicylindre.
Depuis l’année dernière, je suis engagé dans la Coupe KTM Super Duke dans le cadre du Challenge Protwin et je participe en parallèle au développement suspensions d’une Yamaha R6 Supersport pour Antibes Engineering, l’importateur exclusif pour la France des suspensions Mupo.
J’ai une dernière question pour toi, une question bonus. Si tu devais être une personne du monde de la moto et vivre sa vie pendant une semaine, qui serais-tu ?
C’est la question la plus difficile ! A qui s’identifier ? Dans le monde de la moto j’ai deux idoles : Kevin Schwantz, pour son attaque et son dépassement de lui dans toutes les conditions et Max Biaggi pour la pureté de ses trajectoires, son sale caractère et sa mauvaise foi (rires) ! Mais si je devais vivre la vie de quelqu’un pendant une semaine, je crois que j’aimerais en fait être dans la peau du Président de la République ! Je tenterais de recentrer les choses sur l’essentiel, redonner la priorité aux valeurs et valoriser des notions fortes comme l’engagement la passion et le respect. Finalement, c’est beaucoup trop court une semaine pour faire tout ça ! On peut changer les règles ?
Le mot de la fin
Toi aussi tu t’es dis que cet article n’allait jamais se terminer ? Je te rassure, c’est fini. Bravo d’être arrivé jusqu’ici ! J’espère qu’à travers mes mots et la vidéo, j’ai réussi à partager avec toi au mieux ce que j’ai vécu pendant cette expérience folle de baptême de piste.
Je termine avec quelques remerciements. Merci à iCasque et LGS Events pour m’avoir offert ce baptême. Merci à Joëlle de Photo Illico Presto pour avoir été au bord du circuit, comme toujours, prête à immortaliser le passage de ma moto de baptême. Enfin, un grand merci à Laurent pour son pilotage, sa sympathie et son temps !
Bonjour Nicolas,
Mille merci pour ce fabuleux article et cette vidéo. L’humour et le sérieux du contenu étaient bien présents 😉 Merci pour nous avoir fait partagé la passion de la piste. Merci aussi pour cet interview auprès de Laurent qui nous permet de découvrir les coulisses d’un pilote pro. Très impressionnant la vidéo sur le circuit du Luc et cela fait rêver tout motard de pouvoir maitriser un tel rythme. En plus tu as bien introduit l’importance de réduire les phases neutres pendant les courbes pour aller « claquer des pendules ». Tu as raison tout pilote amateur devrait faire ce genre de baptême très enrichissant mais j’avoue qu’il faut beaucoup de courage et je ne sais pas si je suis prêt à le faire alors que je suis motard (sans doute le fait de ne rien maitriser quand on se trouve être « le sac de sable », même si on sait que c’est un vrai pro qui tient les bracelets 😉