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J’ai participé à mon premier week-end de course et c’était génial ! Partie I

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Je n’avais jamais autant pris de plaisir sur piste que durant la saison 2018. J’y ai énormément progressé, tant sur la gestion de ma machine que sur celle des trajectoires ou dans le perfectionnement de mon style de pilotage. Des amis pistards m’ont plusieurs fois dit “Mets-toi à la compétition, c’est là que tu progresseras le plus”.

Cette année là j’ai aussi participé aux premières courses de ma compagne pour lui apporter toute l’assistance possible. C’était frustrant de ne pas pouvoir rouler avec elle sur ces courses, mais j’ai pu y ressentir toute l’excitation, le stress et la joie qui sont palpables lors de ces week-ends de compétition. Et j’ai aussi pu constater l’impact de ces courses sur la progression et le niveau du pilote.

A l’été 2018 c’était devenu clair pour moi : je prendrai mon premier départ de course en 2019.

A partir de là, tout change. La moto sur piste passe du statut de loisir à une passion pleine d’objectifs personnels et de challenges à relever. Les journées de roulage loisir deviennent des journées d’entraînement. Les boîtiers de télémétrie ou les caméras embarquées deviennent de réels outils d’analyse. On se prend d’ailleurs vite au jeu de l’analyse des sessions, pour comprendre où il faut le plus travailler, quels virages nous posent le plus problème, quelles modifications doit-on apporter à notre moto pour y être plus à l’aise, plus performant, plus rapide.

Direction le WERC

J’ai choisi de participer à la première manche du WERC 2019 (Week End Racing Cup) qui se déroulait cette année à Alès. Plusieurs raisons m’ont porté vers ce choix. Beaucoup d’amis y participent déjà depuis des années et je n’en ai entendu que du bien. C’était donc l’occasion d’aller courir avec eux. Le WERC a aussi un format un peu particulier, avec une course de vitesse assez classique, mais également une course longue d’une heure avec un ravitaillement obligatoire.

De plus, le WERC a pour partenaire Dunlop et oblige dans son règlement à rouler en pneus Dunlop GP Racer. Ça tombe bien, je roule sur cette gamme de pneus depuis au moins quatre ans!

Concernant le choix du circuit, Alès était une évidence. J’y suis comme à la maison. Avec les années, je serais bien incapable de dire combien de fois j’y ai déjà roulé mais c’est de loin le circuit que je connais le mieux. Il n’est qu’à deux heures de chez moi et représente mon terrain de jeu fétiche pour aller m’entraîner. Il n’est pas très long, assez technique, plein de beaux virages, avec du dénivelé et peu de lignes droites. Il est donc parfaitement adapté aux petites et moyennes cylindrés, telles que ma Gex “sept et d’mi”. 🙂

Le mouton noir

Bon là déjà, un premier petit souci se pose. Parmi les différentes catégories, les deux principales sont 600 et 1000. Bien évidemment, la 750 est trop grosse pour rouler avec les 600 et doit donc rouler avec les 1000. Et je peux vous dire qu’entre un moteur de GSX-R 750 de 2006 et celui des R1 / GSX-R 1000 / ZX10R / S1000RR de ces dernières années, il y a un paquet de chevaux d’écart. Bien une soixantaine. Mais comme je l’ai dit, Alès n’est pas un très gros circuit et avoir plus de 200 chevaux sur un circuit où l’on dépasse à peine les 200 km/h n’apporte pas un si gros avantage. Dans tous les cas, je veux faire une course et progresser grâce à elle. Faire un podium n’est pour l’instant pas mon objectif. Et puis je suis trop à l’aise sur cette moto pour la changer juste pour ça.

Entre le moment où l’on décide de participer à un week-end de course et la date fatidique, il faut se préparer ainsi que sa moto. La moto demande un certain nombre d’ajustements et de préparation pour pouvoir passer le contrôle technique réalisé avant chaque course. Il s’agit principalement d’éléments de sécurité pour toi et les autres participants. Je te prépare d’ailleurs un article à ce sujet !

En avant les histoires !

Le week-end a commencé tôt, dès le jeudi midi. J’ai rempli la totalité de mon camion avec tous les outils et pièces de rechange possibles. Sur un week-end de course, il est fréquent de chuter, de subir une panne ou un problème mécanique. Il vaut mieux prévoir de pouvoir intervenir rapidement. Rien de plus frustrant que de devoir annuler sa course parce que l’on a cassé un cale-pieds ou un demi guidon sans être en mesure de les remplacer. Il faut tout de même noter que sur ce genre de week-end, l’entraide est très présente et les autres compétiteurs seront souvent prêts à vous filer un coup de main pour que vous puissiez faire votre course. Il paraît que ce n’est pas toujours comme ça, mais c’est le ressenti que j’ai eu lors du WERC.

J’arrive au circuit en milieu d’après-midi, les copains sont déjà présents et on attend patiemment l’ouverture du parking pour pouvoir s’installer. Nous sommes quatre membres de mon équipe à participer et mettons en place un confortable camp de base pour nous et nos accompagnants. Il est important d’être installé le plus confortablement possible. Ces week-ends sont physiquement et mentalement usant alors mieux vaut s’y sentir bien.

Premier jour : essais libres

C’est le meilleur moment pour essayer des réglages sur sa moto, pour ajuster ses trajectoires, se chauffer et se mettre en condition de course. Pour ma part, le but de la journée était de rouler dans mes meilleurs temps en ayant un pneu arrière en fin de vie. Rien de tel pour travailler sa position et ses trajectoires qu’un pneu arrière qui glisse. Ok c’est un peu risqué mais je connais bien ma moto, je connais bien ses pneus et je n’ai jamais eu de mauvaise surprise à ce niveau.

Sur les trois séances d’essais, j’ai réussi, lors de la deuxième à légèrement améliorer mon meilleur chrono, passant de 1’22”10 à 1’21”90. Par contre la première session était compliquée. Depuis toujours, ma première session de la journée est lente et douloureuse physiquement. Il faut que j’améliore cela. Tant pis, demain il y a deux séances qualificatives, je pourrais me rattraper si la première ne se passe pas bien.

Deuxième jour : les qualifs

C’est clairement la plus grosse journée. Je rentre à pieds joints dans l’inconnu pour faire mes premières séances qualificatives et enchaîner peu après sur ma première course. Par chance j’ai passé un bonne nuit, malgré la maladie qui me rattrape depuis trois jours. Je passe le plus clair de ma matinée à me préparer mentalement et physiquement, de sorte à être échauffé et concentré au maximum. Mon pneu arrière est neuf, ma moto a passé le contrôle technique, tout est au vert pour donner le meilleur de moi-même. Je me lance.

Dans le grand bain

Mes accompagnants sont prêts à me panneauter ma place dans le classement ainsi que mon chrono et dès le premier tour lancé, je suis déjà plus rapide que mon meilleur temps de la veille. Du jamais vu. Je suis plus rapide que d’habitude certes, et on peut certainement dire merci à mon pneu arrière neuf, mais j’étais surtout rapide dès mon premier tour de la journée. Je m’applique quelques tours pour finalement réussir un joli 1’21”30.

Presque une seconde de gagnée. Je n’en reviens pas. Après un petit arrêt en pit lane pour me reposer, je repars pour la fin de session de sorte à faire mon premier essais de départ. En fin de séance qualificative, un petit bout de ligne droite est réservé pour s’essayer au départ arrêté. Ça peut paraître anodin, mais réussir son départ est particulièrement difficile car c’est quelque chose que l’on ne fait pas souvent. J’ai donc fait ma première tentative qui s’est soldée par un wheeling lamentable sur deux mètres pour finalement reprendre les gaz un peu tardivement. Bon, il faudra travailler ça…

A la fin de la première séance, je me place 16 sur 25 sur la grille de départ. C’est bien mieux que ce que je pensais mais il y a encore une séance qualificative à faire donc rien n’est joué. Cette deuxième qualif ne se déroule d’ailleurs pas aussi bien que prévu. Je ne réussis pas à améliorer mais je réussis à refaire de bons temps. Tant pis, au moins j’ai une deuxième chance de m’essayer au départ, il faut en profiter. Cette fois pas de wheeling mais un départ un peu trop poussif. Décidément, ce n’est pas simple mais on fera avec. Direction maintenant les paddocks pour se concentrer un maximum avant la course. J’apprends peu après que j’ai réalisé le 21e temps au cumulé sur 25. J’en suis un peu déçu mais je ferai avec, il faudra jouer des coudes sur les premiers tours.

Deuxième jour : la course

Avant ma course, ce sont les copains de mon team qui font leur course en 600cm3. Je pars voir leur départ avant de me préparer pour partir en pré-grille. J’ai ici très mal estimé le fait que ma pré-grille allait se dérouler pendant leur course et que pendant ce temps, tous les accompagnants du groupe étaient justement en train de regarder la course ou d’aider au panneautage. La tuile…

Panique à bord

Je croise les doigts pour que mon équipe revienne à temps pour m’aider car se trimballer seul jusqu’à la pré-grille un groupe électrogène, des béquilles, des couvertures chauffantes et une moto dépourvue de sa béquille latérale relève du défi. Pour couronner le tout, la multiprise de mes couvertures chauffantes avait été malencontreusement éteinte et je me retrouve à vingt minutes de ma course avec des pneus froids. Début de panique. La course des 600 se finit et je peux enfin aller en pré-grille pendant… Trente secondes. A peine arrivé et béquillé au milieu des autres concurrents, les grilles s’ouvrent pour laisser les pilotes faire leur tour de placement. A ce moment c’est la panique la plus totale dans mon casque. Dans la précipitation j’ai oublié de vérifier les pressions de mes pneus, j’ai soif, je n’ai pas eu le temps de faire le vide dans ma tête et je ne sais même pas si mes pneus sont assez chauds. Génial.

On me siffle pour me signaler qu’on attend plus que moi et que je dois aller me placer en grille. Je prends la piste et profite de ce retard pour bien mettre en contrainte mes pneus. Il s’agirait de les faire chauffer un peu tout de même. J’arrive enfin sur la grille, me remets en première, allume ma GoPro et mon 3DMS quand le commissaire avec son drapeau rouge quitte la piste. Je suis complètement à l’arrache pour ma première course et je finis par en rire dans mon casque tellement la situation me semble ridicule. Je suis là, à quelques secondes de mon premier tour de chauffe, placé sur une grille au milieu de 25 autres pilotes prêts à en découdre.

Cette fois je réussis pas trop mal mon départ et tente de bien me positionner pour le premier gauche. Je me faufile avant de me rappeler que c’est juste le tour de chauffe et que tomber là serait vraiment naze. Je me calme un peu tout en ressentant une montée d’adrénaline rare. Je réalise tout juste que je suis là sur ma première course et je sais d’après le briefing de la veille que sur les 25 pilotes, nous ne sommes que trois à prendre un départ pour la première fois.

Faux départ…

Cette fois tout le monde se replace pour de bon, le départ est imminent. Dans ma tête et dans mon casque c’est le 14 juillet. Mon cœur bat la chamade, je respire fort, je suis autant excité que terrorisé. Ce moment est effrayant et grisant à la fois. Il fait peur parce qu’il est dangereux et déterminant pour la course. Il est exaltant parce qu’à partir de ce moment, tout peut arriver et parce qu’il n’existe plus rien d’autre dans ma tête que cette piste, ma moto et moi-même. Pendant que les feux rouges s’allument, même les milliers de chevaux cumulés autour de moi semblent disparaître pour ne laisser place qu’à la petite voix dans ma tête qui me dit : ça y est, c’est ton moment. C’est aussi à cet instant que je me rends compte que je suis en train de réaliser l’un de mes rêves.

C’est parti ! Les feux rouges s’éteignent, j’ouvre les gaz à fond et me rends compte que j’ai clairement besoin de m’entraîner aux départs :D. Et c’est au bout d’à peine 3 secondes de course que deux concurrents se percutent et que l’un deux sort de piste pour subir un crash terrifiant dans une pile de pneus en bout de ligne droite. La course est arrêtée au virage suivant, les drapeaux rouges sont levés par les commissaires de piste et nous rejoignons tous la voie des stands. J’ai rarement vécu un tel ascenseur émotionnel. L’espace d’un instant je me sens apeuré par la course. Je connais les risques de ce sport dangereux mais l’image de ce camarade pilote inconscient sur le bord de piste est difficile à mettre de côté.

On nous annonce cinq minutes d’attente avant de refaire un départ pour une course réduite de deux tours (donc 16 tours de course). C’est pas plus mal vu comme je galère physiquement à tenir des sessions de roulage de vingt minutes. A ce moment, tous mes amis et accompagnants me prennent en charge en pit lane devant le box d’un ami. Tout le monde se démène pour s’occuper de moi. Je me sens comme un pro. On me met les béquilles, les couvertures chauffantes, on me tend à boire et on me remotive. Voir tout ce monde se mettre en quatre pour que ma course se passe bien me réjouit et me motive au plus haut point. Cette course je la fais pour moi mais aussi pour toutes ces personnes qui croient en moi. Quelle sensation incroyable…

A suivre…

La suite de mon week-end dans un prochain article ! 🙂

Bastien
Bastien
Je roule en deux-roues depuis bientôt 10 ans, d’abord sur les routes de ma Franche Comté natale puis sur celles de la région d’Aix-en-Provence où je vis depuis 2012. C'est au détour du meilleur cadeau d'anniversaire de tous les temps que j'ai découvert la piste et que j'en suis devenu accro ! Après avoir progressé suite à des dizaines de journées de roulage, des coachings et des baptêmes, j’ai décidé de me lancer dans la compétition pour la saison 2019. Ingénieur en informatique dans la vie de tous les jours, mais aussi boxeur, snowboardeur, peintre, fasciné par la photographie et l’astronomie, je suis avant tout un motard qui aime relever les défis. Et c’est par l’intermédiaire de mes articles que je compte vous transmettre des astuces, conseils, tutos et partager avec vous les expériences du motard et pistard que je suis.
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