Les airbags moto, c’est un sujet qui fait beaucoup parler de lui mais qui reste difficile à comprendre comme on l’évoquait cet été dans notre dossier : alors quoi de mieux qu’une star du MotoGP comme Jorge Lorenzo pour en parler ?
Le quintuple champion du monde était présent à l’EICMA la semaine dernière sur le stand de son équipementier Alpinestars. Lors d’une interview avec le Directeur de la Communication de la marque italienne, Jeremy Appleton, Jorge Lorenzo a parlé de l’airbag Alpinestars utilisé en course en MotoGP, avant d’évoquer également la fin de la saison 2018. L’airbag est l’une des grandes révolutions dans la protection du motard et il nous semble intéressant d’écouter le point de vue d’un pilote professionnel sur le sujet.
Jeremy Appleton : Jorge, est-ce que vous pouvez nous raconter vos débuts avec l’airbag ?
Jorge Lorenzo : J’ai été le premier pilote à rouler en compétition avec un airbag. C’était en 2009 au Grand Prix d’Allemagne. Ensuite, j’ai intégré la famille Alpinestars et j’ai continué à utiliser l’airbag. (Ndlr : A la finale du Championnat du Monde MotoGP en 2007 à Valence, le système d’airbag Dainese est testé pour la première fois en compétition : c’est une version de l’airbag qui sort du cuir pour se déployer et elle est testée par des pilotes en 125cm3 et 250cm3. En 2009, Dainese a développé une version plus performante de l’airbag : ce modèle se gonfle à l’intérieur de la combinaison et Jorge Lorenzo est le premier pilote de la catégorie MotoGP à le porter lors du GP d’Allemagne en juillet. Son coéquipier Valentino Rossi le portera à partir du Grand Prix suivant, en Angleterre. A partir de la saison 2011, Lorenzo change d’équipementier et passe de Dainese à Alpinestars. )
Alpinestars travaille depuis de nombreuses années pour offrir la protection maximale aux pilotes tout en réduisant le plus possible le poids de l’airbag, et ce afin de le rendre confortable à porter en pilotant. C’est un grand pas en avant dans la protection des pilotes : quand on est victime d’un high side, on s’envole par-dessus la moto et l’impact au sol est fort. Dans le passé, avec ce genre de chute, on était quasiment certain de se casser une clavicule, un poignet ou un bras. Grâce à l’airbag, cette probabilité est minimisée.
Aujourd’hui, l’airbag est très léger et possède une capacité de protection du haut du corps complète. Dans le futur, je pense que l’on sera capable de proposer une protection du corps entier avec l’airbag.
JA : Nous savons que vous êtes très précis dans votre manière de piloter et dans la façon dont vous voulez ajuster vos équipements. Expliquez-nous en quoi c’est important pour vous de savoir que tout a été préparé correctement ?
JL : Dans une entreprise qui fabrique des protections, l’expérience est très importante : le feedback que vous recevez à chaque fois qu’un pilote chute est crucial. Combien de pilotes sont sponsorisés par Alpinestars dans les trois catégories du MotoGP ?
JA : 26 pilotes.
JL : Combien y a-t-il de chutes chaque année ? Des centaines, n’est-ce pas (rires) ? Chaque chute apporte du feedback et peut montrer qu’il faut par exemple améliorer la protection du coude ou la résistance du cuir. Alpinestars travaille en MotoGP depuis 30 ou 40 ans, alors imaginez le nombre de fois où les pilotes ont chuté pendant cette période ! C’est la chose importante : les entreprises comme Alpinestars doivent avoir la capacité technologique d’améliorer les produits mais aussi l’expérience des pilotes sur la piste. De ce point de vue, Alpinestars est l’une des marques les plus expérimentés du monde : je me sens en sécurité et je suis content de travailler avec la marque.
JA : Les airbags sont devenus obligatoires en MotoGP depuis cette saison 2018. Est-ce que vous êtes content de cette décision ? Ce nouveau règlement permet de faire une promotion plus soutenue de l’airbag et des questions de protection en MotoGP.
JL : Oui bien sûr, je suis content de cette nouvelle étape. Au début, l’airbag était trop lourd et pas très confortable. Mais année après année, ces aspects ont été améliorés. Maintenant, on ne sent même plus que l’on porte un airbag dans la combinaison et on est en même temps mieux protégé : c’est une très bonne chose que l’airbag soit devenu obligatoire car cela permet à tous les pilotes d’avoir accès à un standard élevé de protection.
JA : De gros changements sont en vue pour vous l’année prochaine avec le passage chez Honda. Est-ce que vous avez hâte d’être en 2019 ?
JL : Oui, je suis content de cette nouvelle étape mais j’ai encore trois jours en rouge (ndlr : la dernière course de Lorenzo sous les couleurs de Ducati sera la dernière manche de la saison 2018, à Valence, du 16 au 18 novembre). Je suis un pilote Ducati et je pense pour le moment à Ducati car je suis quelqu’un qui pense d’abord au présent. Le futur arrivera et on se concentrera là-dessus au moment voulu. Je suis bien sûr curieux de savoir comment sera ma prochaine moto mais on verra ça plus tard.
JA : Est-ce que vous allez être en forme pour la dernière course de la saison ?
JL : Je ne serai pas à 100% car mon opération a eu lieu il n’y a pas longtemps. Mais je vais mieux et la douleur au poignet et au bras diminue de jour en jour : je pense que je serai à 90% de mes capacités !
JA : On sait que vous êtes généralement fort à Valence, donc on vous souhaite bonne chance ! Dernière question : l’hiver approche, est-ce que vous allez prendre du temps pour vous reposer et penser à autre chose que le MotoGP ?
JL : Oui, comme toujours on a un peu de temps pour se relaxer pendant l’hiver, mais pas tant que ça ! Si vous vous arrêtez trop longtemps, vous perdez la masse musculaire et la condition physique que vous créez pendant l’année. Je m’arrête environ 10 jours : je pense que c’est assez pour penser à autre chose que la course et ensuite revenir encore plus fort, avec encore plus de motivation pour m’améliorer et travailler dur.