Ah le frein arrière… Cette petite pédale accessoire qui se trouve sous ton pied droit et qui, sauf si tu viens de la moto cross ou de l’enduro, reste le plus souvent décorative. A tel point que certains motards gardent le même jeu de plaquettes arrière d’origine durant toute la vie de leur moto !
Combien de fois a-t-on entendu : “Oublie le frein arrière et sers toi uniquement de l’avant, il est bien plus puissant et efficace”.
On va faire un petit point aujourd’hui sur l’utilisation du frein arrière : quand, comment l’utiliser et pourquoi ce n’est pas un simple gadget ?
Utiliser le frein arrière : ses intérêts
Tout d’abord, à la différence du frein avant, sur la plupart des motos, sauf celles dédiées pour le stunt, le frein arrière est beaucoup plus petit. Il n’y a qu’un disque et qu’un étrier bien plus petit qu’à l’avant. Donc forcément, le freinage sera, effectivement, beaucoup moins puissant.
Cependant, il est loin d’être sans intérêt, et c’est ce qu’on va voir dans la suite de cet article.
Apprendre à se servir du frein arrière, si ce n’est pas déjà un réflexe pour toi, nécessitera un désapprentissage des habitudes, un peu de temps et de la persévérance. Mais cela en vaut la peine.
Bien évidemment, si tu as besoin de ralentir très fort sur une courte distance en ligne droite, alors le frein avant sera à privilégier.
Mais le frein arrière a plusieurs intérêts :
• Au niveau de la géométrie de la moto, il crée un transfert de masse sur l’arrière ce qui rajoute du grip au pneu arrière, on dit qu’il “assoit” la moto.
• Utilisé en début d’une forte phase de freinage, il permet de mieux répartir le poids entre l’avant et l’arrière de la moto et évite que ta roue arrière ne décolle du sol.
• Si tu es dans une courbe, son action va permettre de resserrer ta moto vers le point de corde sans avoir à toucher le frein avant (et toucher fort le frein avant dans une courbe, c’est très très déconseillé !)
• Lorsque les conditions d’adhérence sont moyennes (pluie, graviers, sable…) une combinaison du frein arrière et du frein avant sont une bonne option sécuritaire pour maximiser le grip de tes pneus.
• Dans les manœuvres à basses vitesses (du style parking ou centre-ville), il te permet de ralentir en gardant les deux mains concentrées sur la direction.
• Lors d’une accélération forte dans une montée, il permet de garder la roue avant au sol et limite les wheelings.
Quand et pourquoi utiliser le frein arrière sur circuit
Aujourd’hui, toutes les techniques sont bonnes à être explorées pour gagner quelques secondes ou dixièmes de secondes sur circuit. Et les pilotes se penchent alors sur l’utilisation du frein arrière. Les bruits de paddocks circulent rapidement sur telle ou telle façon d’utiliser le frein arrière qui ferait gagner un précieux temps. C’est aussi à ce niveau de détail que les systèmes d’acquisition de données prennent tout leur sens. Il est en effet possible d’évaluer précisément la force de freinage et la répartition entre avant et arrière pour chaque courbe du circuit et d’en mesurer l’impact au niveau du chrono !
Et si on met trop de frein arrière ?
Sur certaines motos, le frein arrière est tellement sous dimensionné que, même en l’écrasant de tout ton poids, la moto au mieux ralentira uniquement. Cependant, si le frein arrière n’est pas trop mauvais, il est alors possible de carrément bloquer la roue arrière ! Cela m’est arrivé un jour sur route et cela m’a valu une sortie de route et une chute (heureusement sans gravité). Surtout que dans un moment de panique, il est facile d’appuyer fort par réflexe de survie sur un frein arrière dont on ne connaît pas vraiment la puissance et là, cela peut être la cata…
Alors autant se familiariser avec lui et l’apprivoiser gentiment AVANT la rencontre de situations compliquées !
D’ailleurs, sais-tu pourquoi la roue arrière se bloque dans ces cas de situation ?
Lors d’un fort freinage avec le frein avant, un transfert de charge vers l’avant de la moto se produit et la roue arrière va se délester. Elle aura moins de grip, moins d’adhérence. On peut parfois sentir cette roue arrière qui “balaye” la route dans les phases de freinage. À ce moment-là, si tu actionnes fort le frein arrière, vu que le grip avec le bitume est moindre, la roue aura facilement tendance à se bloquer.
Difficultés d’utilisation du frein avec le pied droit ?
Selon les situations de conduite, et surtout dans les courbes à droite, il peut être difficile de quitter l’appui sur le cale-pied pour aller chercher le levier de frein arrière. Déjà, assure toi d’avoir bien réglé tes commandes : il est souvent possible d’ajuster la distance et la hauteur entre ton cale-pied droit et l’embout de sélecteur du frein.
Si après ça, il t’est toujours compliqué d’arriver à attraper le frein du bout du pied mais que tu souhaites vraiment son utilisation alors tu peux envisager d’installer une commande de frein arrière au pouce. C’est un système adaptable avec petit levier qui se rajoute sous ta poignée de frein avant classique. Un poil onéreux mais ça fait aussi MotoGP style 🙂 Certains modèles permettent même de garder la double commande du frein arrière : pouce et pied.
Attention, cette option est surtout valable sur circuit et en compétition car toute modification du système de freinage sur la route est interdite…
Entretien
Le système de freinage arrière s’entretient et fonctionne de la même manière que le système de freinage avant : changement des disques et des plaquettes lorsqu’ils sont trop usés. Vérification périodique du maître-cylindre, durites et purge du liquide de frein de temps en temps !
Il faut savoir qu’aujourd’hui, avec les systèmes ABS de plus en plus performants sur nos motos modernes, nos “erreurs” de pilotage et de freinage sont gommées par l’électronique. Certaines machines possèdent un système de freinage couplé “intelligent” qui répartit progressivement le freinage entre l’avant et l’arrière et en fonction du grip et de la situation. On n’arrête plus le progrès pour ta sécurité !
La prochaine fois que tu sors ta moto, essaie-toi gentiment au frein arrière ! D’abord dans des situations faciles et sans danger pour prendre la mesure de son efficacité. En ligne droite puis en courbe et laisse-toi le temps que son utilisation devienne un réflexe pour en apprécier pleinement les bienfaits 😉
Bon freinage !
