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Préparer sa moto pour la course

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Ça y est, tu as franchi le pas ! Après quelques temps à rouler sur des trackdays, tu as décidé de t’inscrire à une compétition moto ! Et tu as bien raison, il n’y a rien de mieux pour progresser ! 

Mais avant de s’aligner sur la ligne de départ et de ressentir ce sentiment d’excitation à l’extinction des feux rouge (souvent assorti d’un « mais qu’est ce que je fous là ??!!»), il va falloir te plier à quelques modifications sur ta moto afin d’être en règle et pouvoir passer le « contrôle technique » !

Et oui, chaque week-end de compétition tu devras faire examiner ta monture avant de prendre la piste par des yeux plus ou mois experts et plus ou moins tatillons ! Et pas question de rigoler ou d’essayer de soudoyer le contrôleur par la promesse d’une bière fraiche à la fin de sa journée si tu as oublié de freiner une vis, il faudra repasser devant le contrôleur avec ta moto respectant le cahier des charges ! 

J’imagine donc que si tu lis cet article, c’est que ta moto n’est pour l’instant pas conforme eu égard des obligations mises en place par la FFM (Fédération Française de Motocyclisme). Alors on fait le tour ensemble des modifications requises !

Quelle moto peut être inscrite à un championnat ?

On va commencer par-là ! Sont admises en compétition toutes les motos fabriquées en série et vendues dans le commerce (pas de prototype donc). Tu dois pouvoir présenter soit sa carte grise, soit la feuille des mines ou le certificat de conformité U.E. Les immatriculations WW (carte provisoire d’immatriculation) sont admises à condition que tu sois en mesure de présenter la feuille des mines correspondant à la machine.

Certains championnats acceptent les véhicules faisant l’objet d’une procédure RSV pour autant que tu puisses fournir une facture émanant d’un professionnel de la moto certifiant que la machine ne présente pas de danger. Mais selon mon expérience, tu t’éviteras bien des tracas et des risques de refus si tu te présentes avec une machine possédant une carte grise (à ton nom ou non…).  

Le règlement technique 

Tu pourras le trouver facilement sur internet. Attention toutefois à bien télécharger le règlement du championnat auquel tu souhaites participer ! En soi, il y a peu de différences d’un championnat à l’autre sur les modifications à faire sur ta machine, mais ce serait dommage de te présenter avec une plaque numéro à fond blanc alors qu’il fallait qu’elle soit jaune ! 

Et là, j’espère que quand tu liras cet article, ce ne sera pas la veille de ton départ en week-end de course car toutes les modifications demandées vont te prendre du temps !! Prévois si tu le peux de démarrer au moins 2 semaines avant la compétition… Comme cela, tu ne feras rien dans la précipitation.

Les modifications

On va partir du principe que tu veux équiper une moto « stock », presque sortie de caisse afin de faire le tour de toutes les modifications demandées. Tu vas ainsi pouvoir faire deux grands types d’interventions sur ta moto : retirer et ajouter !  

Équipements à retirer

Certains équipements qui équipent ta moto de série devront être retirés obligatoirement :

  • La ou les béquille(s),
  • Les clignotants,
  • Le(s) rétroviseur(s),
  • Les repose-pieds passager,
  • La plaque minéralogique,
  • Les optiques avant,
  • Le feu de route arrière

Tu peux également réfléchir à remplacer tes carénages d’origines par un « poly » si ce n’est pas déjà fait. Ce n’est pas obligatoire, mais le poly est plus résistant et se répare plus facilement en cas de chute. Seule restriction, les polys en fibres de carbone ou composite de carbone ne sont pas autorisés. Attention, depuis 2021, le sabot ne doit plus être percé, si tu montes un sabot pré-percé, il faudra boucher les trous avec de la fibre ! 

Et si tu as changé ton pot d’échappement pour une ligne complète ou juste le collecteur, assure-toi que son niveau sonore ne dépassera pas les 102db à un régime correspondant au tableau ci-dessous :

Les mesures seront effectuées en statique, sonomètre placé à 50 cm de l’extrémité du système d’échappement et c’est un commissaire qui tournera la poignée pour toi afin de s’assurer que tu es bien au bon régime moteur. Pas possible de tricher ! La présence d’un compte tours en état de marche et étalonné, indiquant le régime moteur est donc obligatoire !

Équipements à ajouter 

Cette fois la liste est un peu plus longue et va te demander quelques compétences de bricoleur. 

PARTIE CYCLE 

Récupérateurs de fluide 

Les reniflards (réservoirs d’essence, d’eau, d’huile ainsi que le carter moteur) devront tous aboutir dans un ou plusieurs récupérateurs. Les capacités demandées des récupérateurs peuvent différer d’un championnat à l’autre, lis bien le règlement technique de celui auquel tu t’es inscris. En Women’s Cup leur capacité minimale est de 125ml (ou cc) minimum chacun et d’une capacité totale de 0,5 litre minimum, en SBK, la capacité des récupérateurs est de 250ml… Tu peux acheter des flacons plastiques souples pour pas cher (comme ceux utilisés en cuisine pour les sauces), ou utiliser des bouteilles d’eau-soda dont tu perceras le bouchon pile à la taille du reniflard !

Après, à toi de voir ou les placer : devant ton compteur dans la tête de fourche, sous la selle, sur les côtés… 

Les éléments à freiner 

Tous les bouchons de remplissage (huile, circuit de refroidissement), de vidange (huile), niveau (huile) et le filtre à huile, ainsi que les vis de raccord des circuits de lubrification devront être obligatoirement arrêtés par un fil métallique de sécurité. Pour te faciliter la tâche et avoir un joli « freinage », investis dans une pince à freiner. C’est un petit investissement qui va te faire gagner beaucoup de temps !

A toi de voir si tu choisis d’investir dans des éléments pré-percés (bouchon de vidange et remplissage), sinon tu peux très bien les percer toi-même ! Tu peux également investir dans un filtre à huile racing qui présente une extrémité présentant des trous afin d’être freiné, sinon un collier de serrage sur un filtre classique fera l’affaire. 

Les étriers de freins devront également avoir leurs vis de fixation freinées par un fil métallique de sécurité. Là encore tu as la possibilité de réaliser les trous toi-même (plus compliqué que de percer un bouchon en plastique…) ou d’acheter des vis pré-percées. Il est aussi utile d’investir dans des épingles de sûreté afin de relier tes deux vis, cela te permettra de ne pas refaire ton freinage des vis à chaque fois que tu démonteras tes étriers ! 

Protections 

Il va te falloir ajouter diverses protections sur ta belle !

  • Protections de carter d’embrayage et d’huile pour éviter qu’ils ne se percent leur d’une chute.
  • Protection bras oscillant : la dent de requin. Il s’agit d’une protection fixée sous le bras oscillant, empêchant le pied ou la main d’atteindre la couronne arrière. Cet élément est parfois directement intégré à la protection de bras oscillant, sinon il te faudra la rajouter.
  • Protection de levier de frein : les motos doivent être équipées d’une protection du levier de frein avant, afin de protéger le levier d’un actionnement accidentel en cas de collision avec une autre machine. 

Freins 

Le changement des flexibles pour des durites avia est autorisé (pareil pour le liquide et les plaquettes, tu peux changer). Attention, la séparation des durites de frein avant devra se faire au-dessus du té de fourche inférieur ! J’ai dû faire cette modification sur ma précédente moto ou j’avais un renvoi d’un étrier à l’autre ! 

Le feu arrière 

Toutes les motos doivent avoir un feu rouge fonctionnel monté à l’arrière de la machine. Ce feu doit être allumé dès lors que la piste est déclarée Wet (course sous la pluie). C’est le montage qui fera le plus appel à tes qualités de bricoleur !  L’alimentation du feu doit être séparée de celui de la moto et continue (personnellement je l’ai branché directement sur la batterie avec un interrupteur dédié sur mon guidon). Tu peux aussi choisir d’avoir l’interrupteur à côté du feu pour éviter de tirer un fil jusqu’au guidon, mais c’est moins pratique à actionner. Ce feu arrière doit être monté le plus proche possible de l’extrémité arrière de la machine pour être visible. 

Guidon, repose-pied et diabolo 

Les extrémités de ton guidon devront être obligatoirement bouchées. Les supports de béquilles (diabolos) devront eux être réalisés en nylon, téflon, ou matière équivalente. La longueur minimum des repose-pieds devra elle être de 65 mm, et présenter des extrémités arrondies (rayon minimum 8 mm). Et si tes repose-pieds ne sont pas pliables, ils devront comporter un embout fabriqué dans une matière téflon, plastique ou équivalent.

Pneumatiques 

Quasiment tous les championnats obligent les pilotes à rouler avec une marque de pneu bien spécifiques. En général, tu dois les acheter sur place (il y a toujours un camion du manufacturier sur place), et les pneus sont stickés pour s’assurer que tu sois bien passé par le camion pour les acheter. Certains championnats ne limitent pas le nombre de pneus que tu utilises lors d’un week-end, d’autres oui ! En Promosport par exemple, le nombre autorisé durant la manifestation est limité à 2 (un avant, un arrière) !

PARTIE MOTEUR

Système refroidissement 

Le seul liquide de refroidissement autorisé est l’eau. Tout additif, quel qu’il soit, est strictement interdit. Donc pas de liquide de refroidissement ! Les commissaires te font ouvrir ton bouchon 9 fois sur 10 pour vérifier… Pense donc à bien faire ta vidange et répéter l’opération au moins 2 fois, s’ils trouvent que ton eau est encore colorée et grasse, tu seras bon pour refaire une vidange et repasser le contrôle !

Réservoir d’essence 

Le remplissage complet de ton réservoir avec une mousse de rétention du carburant est obligatoire. Ces carrés de mousse évitent que l’essence ne sorte en geyser si lors d’une chute tu perce ton réservoir… Et donc limitent la survenue d’une « explosion ». Leur inconvénient, elles t’empêchent de faire fonctionner ta jauge à niveau d’essence et encrassent bien souvent ton filtre à essence de petits morceaux qui se détachent… Donc attention à bien vider et nettoyer ton filtre entre deux courses ! Et attention, les commissaires vérifient très souvent leur présence, lorsqu’ils ouvrent ta trappe à essence, le réservoir doit être rempli, pas question qu’il n’y en ai que 3-4 qui flottent ! 

PLAQUES NUMÉROS  

Ta moto devra être équipée de plaques numéro devant et en bas de carénage. La couleur de la plaque dépend du championnat, fais donc bien attention à ce détail ! 

Des dimensions spécifiques sont demandées pour assurer la visibilité, pour les chiffres appliqués sur l’avant elles sont de 140 mm de haut et 80 mm de large avec une largeur minimale des traits de 25 mm. Les dimensions de tous les chiffres appliqués sur le côté sont-elles de 120 mm de haut et 60 mm de large avec une largeur minimale des traits de 25 mm.

Tu trouveras des recommandations de police dans ton règlement technique, mais ce n’est pas grave si ce n’est pas exactement l’une d’entre elle, il faut juste que la police soit classique et bien lisible. 

Tu peux acheter des plaques numéros sur internet ou alors les faire toi-même en achetant du papier vinyle !

Voilà, on a fait le tour ! Ça fait un peu de boulot, je te l’accorde ! C’est pourquoi je te conseille de ne pas faire cela à la dernière minute !!! 

Pour résumer, voici une petite liste d’achats qui te facilitent la vie : des dzeus pour démonter et remonter rapidement ton carénage (vis rapide ¼ de tour), une pince à freiner, du fil à freiner, des vis d’étriers de frein et un bouchon de vidange d’huile pré-percés, des épingles de sûreté, un filtre à huile dit racing, de la fibre et de la résine pour boucher les trous du sabot (et faire les réparations futures…), du papier vinyle pour les plaques numéros. 

Le contrôle technique, comment ça se passe ?

Je te conseille de passer ta moto au contrôle technique (CT) le plus tôt possible lors de ton week-end de course, et si possible avant tes essais libres si tu en as ! En soit, tu peux prendre la piste pour les essais libres sans avoir fait le CT, mais il veut mieux le faire avant. Tu t’assureras ainsi de présenter une moto propre et prête à être examiner. 

Présente-toi au CT avec ta moto et sa béquille arrière, le sabot doit être déposé (mais viens avec car ils vont le regarder). Tu dois pouvoir présenter les papiers de la moto pour assurer de sa conformité et ton livret FFM (remis à ta première participation à une course, tu dois donc faire l’administratif avant le CT).

Les commissaires vont inspecter ta moto puis te faire passer au sonomètre. Si tu as loupé une étape, tu seras bon pour repartir te mettre en règle pour ensuite revenir passer le CT. Si tu es en conformité, les commissaires apposeront sur ta moto le sticker prouvant que tu as passé le CT sur ton cadre. C’est ton précieux sésame pour prendre la piste et participer aux qualifications et aux courses ! 

Bon week-end à toi !! Le premier mais sûrement pas le dernier ! 😉 

Lucile
Lucile
Passionnée de 2 roues depuis ma plus tendre enfance, j’ai passé mon permis gros cube à 21 ans et écumé les routes de ma Haute-Savoie natale et alentours pendant plus de 10 ans avant de me résoudre à un constat réaliste : essayer de prendre les points de corde sur route est un jeu dangereux pour lequel les cartes "chance" distribuées sont limitées... C’est ainsi que je me suis retrouvée sur piste en 2013 avec mon conjoint lui aussi passionné ! Et autant vous dire que le virus a vite pris et s'est même transformé en passion commune !!! Aujourd’hui ma pratique de la moto se limite à la piste en roulages libres et également compétitions, tout en restant une adepte du 2 roues pour les déplacements pro… Mais en scooter ! Au travers de mes articles, je tacherai donc de mettre à profit mes compétences de professeur (mon métier) et de motarde/pistarde au service d’articles variés pour te partager mes expériences, connaissances, conseils et astuces !
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